« Évangéliques » ou « évangélistes » ?
L’adjectif « évangélique » se réfère à l’Évangile. Il désigne certaines Églises (et chrétiens) rattachés au protestantisme. Ce terme, longtemps considéré comme synonyme de « protestant », identifie aujourd’hui un courant particulier du protestantisme.
Il ne faut pas confondre « évangélique » et « évangéliste». Ce dernier vocable désigne les auteurs des quatre Évangiles. Il qualifie également une personne exerçant un ministère de prédication principalement orienté vers les non-croyants.
« Évangéliques » ou « protestants évangéliques » ?
Les racines des évangéliques remontent au début du protestantisme, au XVIe siècle (1). Ils partagent encore aujourd’hui les valeurs fondamentales des réformateurs (Martin Luther,
Jean Calvin…). De plus, ils se reconnaissent volontiers dans la branche de la Réforme qui a revendiqué dès l’origine la séparation des Eglises et de l'Etat et a plaidé pour des
assemblées autonomes composées de convertis.
Il convient donc de désigner les évangéliques en France par l’expression plus complète de « protestants évangéliques ». Celle-ci tient compte du passé tout en permettant de les
distinguer des Églises protestantes dites historiques comme les Églises réformées ou luthériennes. Cette distinction est d'ailleurs établie par le Groupe de Socoilogie des
des Religions et de la Laïcité du CNRS (2).
Comment définir la foi évangélique ?
Celle-ci se résume en trois points, partagés par l’ensemble des protestants évangéliques :
- La normalité de la Bible. Elle est la référence de la foi évangélique. Elle est considérée normative à la fois sur le plan théologique et pratique.
- L’importance d’une conversion personnelle. On ne naît pas évangélique, on le devient par choix personnel et engagement individuel. C’est ce qui explique l’importance accordée au baptême d’adulte. Celui-ci est l’expression publique d’une foi vécue et assumée, à l’opposé d’une simple tradition.
- L’universalité du message de l’Évangile et l’importance, pour les chrétiens évangéliques, de le faire connaître autour d’eux dans le respect de la
liberté individuelle.
Les évangéliques sont-ils d’origine américaine ?
Considérer les évangéliques comme un mouvement américain colonisant le monde est partial et inexact. L’Histoire confirme l’émergence du mouvement évangélique sur le continent européen, en Suisse, en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, en Angleterre avant même… la naissance des États-Unis. D’ailleurs de nombreux évangéliques ont émigré en Amérique au XVIIe et XVIIIe siècle à cause du manque de liberté religieuse qui sévissait en Europe et singulièrement en France.
Reste qu’un certain nombre d’Églises évangéliques en France, comme dans d’autres parties du monde, ont été fondées avec le concours de missionnaires américains, essentiellement à partir de la Seconde Guerre mondiale.
Les évangéliques français ne dépendent d’aucune instance dirigeante située ailleurs dans le monde. S’ils entretiennent des relations internationales et favorisent des partenariats, ils le font par fraternité chrétienne tout en veillant à leur indépendance typiquement protestante.
Les évangéliques sont-ils une secte ?
Le rapport parlementaire sur les sectes 3, bien conscient de la difficulté de définition, propose trois sens possibles du mot secte : étymologique, sociologique, dangerosité.
Selon ces critères, le protestantisme évangélique n’est pas concerné par cette question. Cependant, aucun groupement humain n’est à l’abri de dérives sectaires.
Autres différences avec les sectes, les évangéliques possèdent deux atouts sociaux propres à les éloigner d’un fonctionnement sectaire :
- Dans la ligne de la tradition protestante, les évangéliques accordent une place prépondérante au choix individuel. Cette attitude les tient a priori à l’écart des logiques « d’embrigadement » ou de « lavage de cerveau ».
- Les évangéliques sont très attachés au principe démocratique. Leurs Églises fonctionnent généralement de manière autonome (ce qu’on appelle le congrégationalisme). En principe, le pasteur ou le responsable est élu par les membres de l’Église et les décisions soumises au vote des fidèles. Ce fonctionnement est à l’opposé de la domination d’un groupe par un gourou.
Comment expliquer la croissance des évangéliques ?
Des raisons extérieures
- La sécularisation de la société française depuis la deuxième moitié du XXe siècle a provoqué le déclin des grandes Églises, la perte
de repères spirituels et moraux.
- La modernité n’a pas tenu ses promesses. L’homme d’aujourd’hui est déçu du progrès technique qui isole les individus dans des rapports
de plus en plus virtuels.
- Dans le même temps, le besoin de réponses aux questions existentielles n’a pas varié.
Des raisons propres
- Devenir « chrétien évangélique » par libre choix, par conviction personnelle est une notion moderne, conforme aux aspirations de nos contemporains.
- Chaque croyant est invité à mettre l’Évangile de Jésus-Christ en pratique dans sa vie personnelle, ce qui constitue un vrai projet de vie.
- Les évangéliques savent allier un certain conservatisme doctrinal avec ses points de repères, ses valeurs stables et une flexibilité culturelle quant aux formes de l’expression de la foi et de la vie de l’Église.
- La doctrine protestante évangélique répond à la demande d’authenticité, de respect de la personne humaine et de ses besoins dans tous les
domaines de la vie.
- Les Églises évangéliques développent une grande capacité d’adaptation : elles peuvent se réunir dans un salon, chez un particulier, ou compter
plusieurs milliers de membres… et survivre dans la persécution !
- Foi personnelle, salut personnel font appel à un engagement et à la responsabilité individuelle. Ainsi les membres des Églises évangéliques participent activement à la vie de leur communauté.
- La mise en avant des dons de l’Esprit Saint, tels que la Bible les définit dans le Nouveau Testament, encourage chaque membre à une participation active et souvent très créative ; ce qui rend la pratique du culte et des autres moments de la vie de l’Église vivants, spontanés et conviviaux.
- L’Église telle que la conçoit la Bible est une communauté dans laquelle chacun trouve sa place : les familles, les enfants, les adolescents, les personnes seules ou âgées.
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